La découverte de mon cycle intérieur
Il y a quelques années, j’ai fait une découverte toute simple — mais qui a changé ma vie.
C’est arrivé doucement, presque en catimini, à force d’observer mon cycle menstruel. J’ai fini par comprendre que je n’étais pas faite pour être « pareille » tous les jours. Que certaines semaines, j’étais traversée d’une énergie de feu, créative, expansive, tournée vers les autres. Et que d’autres, je n’avais envie de rien d’autre que de silence, de lenteur, de repli.
Et qu’en fait… ce n’était pas un problème à régler.
Avant ça, je vivais souvent dans la frustration : pourquoi est-ce que je ne suis pas capable d’être constante ? Pourquoi je commence plein de choses, puis je ralentis, j’ai moins d’élan, moins de motivation ? Comme si je devais chaque jour être au sommet de mes capacités, dans le même état d’esprit, le même niveau d’efficacité, de clarté, de joie. Comme si le « bon moi » était celui qui rayonne, qui produit, qui fait.
Mais non. J’ai compris que j’étais faite de saisons.
Comme la nature.

Du cycle intérieur au rythme de nos journées
Ce que j’ai découvert à travers mon cycle, je l’ai ensuite élargi à ma vie entière.
Il y a des moments où je suis dans une phase de germination — de rêves qui mijotent à l’intérieur, mais qu’on ne voit pas encore à l’extérieur. D’autres où je suis en pleine floraison. Et parfois, c’est l’automne en moi, un temps de dépouillement, de récolte et de lâcher-prise. Parfois même, c’est l’hiver : une traversée silencieuse, essentielle, féconde.
Quand je suis enceinte, ou que j’allaite un bébé, je ne suis pas dans la même disponibilité, dans le même rythme, que lorsque je suis seule avec moi-même. Et c’est normal. Mais pendant longtemps, je me suis jugée de « ne pas en faire assez », de « ne pas être comme avant ». Alors que ce n’est pas un recul — c’est un passage.
Comprendre que notre vie n’est pas linéaire, mais cyclique, c’est se donner la permission de changer, de ralentir, de recommencer.
Du rythme de nos journées à celui de la Nature
Ce que j’ai vécu dans mon corps, et que j’ai ensuite reconnu dans mon quotidien, je l’ai aussi perçu dans mon lien avec la nature. Et là, tout a pris une autre profondeur.
Notre société nous demande d’être les mêmes, tous les jours. De nous lever à la même heure, de fonctionner au même rythme, de produire, de répondre, d’avancer… qu’il fasse -25°C ou +30°C, qu’on ait dormi ou non, qu’on ait du chagrin ou des élans de joie.
Mais ça n’a pas toujours été comme ça.
Pendant des milliers d’années, les humains ont vécu au rythme des saisons. En hiver, on ralentissait. On se rassemblait autour du feu. On réparait les outils, on racontait des histoires, on laissait le corps se reposer. Au printemps, l’élan revenait. On semait. En été, on récoltait, on célébrait. À l’automne, on faisait le tri, on remerciait, on laissait partir.
Notre corps sait encore faire ça. Mais on l’a oublié.
On vit dans des maisons chauffées à la même température à l’année. On ne sent plus le vent, la pluie, la terre. On mange des fraises en février, on éclaire nos soirées comme s’il faisait toujours jour. On s’est éloigné·es de ce qui, pourtant, nous compose.
Revenir à soi, par le vivant
Revenir à cette conscience-là — que nous sommes faits de rythmes, de courbes, de variations — ce n’est pas une régression. C’est une guérison.
C’est une autre manière d’habiter sa vie : avec plus de douceur, plus de vérité, plus de lien avec ce qui nous entoure.
Accueillir les saisons de sa vie, c’est ne plus se battre contre soi-même.
C’est apprendre à écouter ce que chaque période vient nous dire :
ce qu’elle nous demande, ce qu’elle nous offre.
Et si un jour tu te sens plus lente, plus vulnérable, plus en retrait… peut-être que ce n’est pas un problème. Peut-être que c’est juste l’hiver qui passe un instant en toi. Et que c’est bon, aussi, de le laisser faire!
Pauline.